Naturel___Archéologique___Historique__ _Religieux___Civil___Ecrit___Vinicole

 

Patrimoine historique

Les Beaufort-Canillac Seigneurs de Monton

 

Les bornes armoriées situées près de la sortie 5 de l'autoroute A75, à la frontière de la commune de Veyre-Monton, portent les armoiries des Beaufort-Canillac, qui possédèrent la seigneurie de Monton de 1343 à 1689.

(Les bornes actuelles sont des reproductions à l'identique des bornes d'origine, qui sont maintenant placées l'une près de la mairie de Veyre-Monton, l'autre près de celle du Crest).

 

1343 : le frère du pape devient seigneur de Monton

En 1343, Guillaume Roger, petit seigneur limousin mais frère aîné du pape Clément VI, achète plusieurs seigneuries auvergnates proches de l'Allier, dont Monton, les Martres et Pont-du-Château. Il connaît une ascension rapide : en 1346, il est fait comte de Beaufort par le roi Philippe VI ; il deviendra plus tard vicomte de la Mothe (près de Brioude) puis comte d'Alès. Son deuxième fils sera élu pape en 1371 sous le nom de Grégoire XI. Ainsi le seigneur de Monton fut-il frère d'un pape et père d'un pape, un cas unique dans une famille aristocratique française.

Les armes de Roger de Beaufort (« d'argent à la bande d'azur accompagnée de six roses de gueules ») sont les mêmes que celles de Clément VI, que l'on peut encore voir sculptées à l'entrée du palais des papes d'Avignon.

Guillaume épousa en secondes noces Guérine de Canillac, dernière héritière d'une grande famille du Gévaudan. Le fils qui naquit de cette union, prénommé Marquis, fut émancipé par son père en 1366, à l'âge de dix-huit ans. Le jeune homme porta désormais les titres de vicomte de la Mothe, seigneur de Pont-du-Château, des Martres, de Monton… (entre autres). Il reçut aussi le marquisat de Canillac, avec le droit d'en porter le nom et les armes (« d'azur au lévrier rampant d'argent, armé et colleté de gueules, à la bordure crénelée d'argent »).

Dès lors Marquis se fit appeler Beaufort-Canillac. C'est son écu, composé des armes des maisons de Beaufort et de Canillac, qui est gravé sur les bornes armoriées.

Guillaume Roger de Beaufort et Marquis de Beaufort-Canillac ne séjournèrent jamais à Monton. Ils résidaient principalement au château de la Mothe. Ils furent tous deux enterrés à la Chaise-Dieu, auprès du pape Clément VI qui y avait été novice.

 

Une famille éclatée en six branches

A Marquis de Beaufort-Canillac, mort en 1419, succédèrent son fils Louis puis son petit-fils Jacques. Lesquels conservèrent tous ses titres et possessions, leurs frères respectifs étant morts sans descendance. Jacques à son tour n'eut pas d'enfants et se trouva le dernier représentant mâle de cette famille prestigieuse dont toutes les autres branches s'étaient éteintes. Aussi en 1511, pour perpétuer sa maison, il donna tous ses biens à son petit-neveu et filleul, Jacques de Montboissier, à charge pour lui et ses descendants de porter le nom et les armes des Beaufort-Canillac.

Jacques eut quatre garçons ; il en fut de même de son dernier fils Jean. Si bien qu'au début du XVII e siècle les titres et terres qui avaient été concentrés dans les mains de Jacques se retrouvèrent dispersés entre six branches de la famille, chacune dénommée différemment. Les trois branches les plus en vue étaient celle des marquis de Canillac, celle des vicomtes de la Mothe-Canillac et celle des vicomtes de Pont-du-Château.

En 1603, date qui figure sur la borne armoriée de la Jonchère, le seigneur de Monton s'appelait François de Beaufort-Canillac. Son père Jean (voir paragraphe précédent) avait été vicomte de la Mothe, seigneur de Pont-du-Château, de Monton et des Martres. Il faut voir en lui le Jean de Beaufort dont une rue de Monton porte le nom. Pourquoi lui, plutôt qu'un autre Beaufort-Canillac, mystère…

François, quant à lui, était seulement seigneur de Monton, des Martres et de Chadieu, dont il acheta le domaine en 1627. Il y fit construire le château, où il résida. En 1622, il avait reçu le titre honorifique de sénéchal de Clermont, afin d'assurer un intérim pendant la minorité de son neveu Claude, futur vicomte de Pont-du-Château auquel ce titre était promis. Au contraire de certains de ses cousins, François n'ajouta pas à son patronyme celui de Montboissier.

François eut un fils, prénommé lui aussi François, lequel n'eut qu'une fille, Jeanne. Celle-ci, dame de Monton et des Martres, épousa en 1689 Charles de Tane, d'origine piémontaise, et le couple s'installa à Chadieu. Ainsi, après presque 350 ans de présence, les Beaufort-Canillac disparaissaient de Monton – où ils n'avaient jamais résidé.

 

 

Les forts villageois

 

LES VILLAGES .

Au XI° et XII° siècles, suite à l'affaiblissement de l'autorité royale, de nouveaux rapports de force s'établissent au profit des seigneurs châtelains et des communautés ecclésiastiques vers lesquels les populations villageoises, encadrées par des paroisses organisées autour des églises, vont se tourner pour assurer leur sécurité. Les regroupements sont à l'origine de nouveaux villages, créés selon le cas autour d'un château (Monton), d'un établissement ecclésiastique (La Sauvetat), d'une maison forte ou d'un établissement ecclésiastique (Orcet vers le milieu du XII°, les Martres-de-Veyre vers le milieu du XIII°).

 

LES FORTS .

La première enceinte (la plus ancienne) a généralement pour objectif de protéger les biens (locaux et espaces annexes) des seigneurs laïques ou ecclésiastiques (château et basse-cour, maison forte, église ou chapelle, prieuré…). En cas de troubles, les villageois sont autorisés sous conditions (redevance, garde, entretien) à s'installer temporairement à l'intérieur de l'enceinte et à y aménager de petites constructions (cabanes, loges). Le seigneur garde le contrôle de l'organisation civile et militaire.



_____Loge et entrée du fort aux Martres-de-Veyre


Orcet


Les Martres-de-Veyre

 


Ruelle dans le fort des Martres-de-Veyre

 

LES FORTS VILLAGEOIS .

Pendant la guerre de Cent Ans, alors que les conflits dynastiques et territoriaux sont source d'insécurité, les communautés villageoises devenues partenaires des seigneurs, représentées par des consuls ou de simples délégués se chargent, avec leur accord, de construire elles-mêmes les enceintes et d'assurer leur propre défense. La majeure partie de l'espace habité est alors incluse à l'intérieur du rempart qui peut être pourvu de tours, entouré d'un fossé. Ces fortifications assurent encore la protection des villageois lors des guerres de religion (deuxième moitié du XVI° siècle). L'organisation du bâti à l'intérieur du fort est souvent stricte avec des lotissements, des constructions serrées adossées au rempart, des ruelles étroites en réseau parallèles et perpendiculaires à l'enceinte.

Après le retour au calme, les structures des villages médiévaux du type fort villageois ne sont pas profondément modifiées. Les fossés après comblement sont bâtis ou transformés en rues, des remembrements aboutissent à un parcellaire plus limité, l'habitat s'ouvre sur l'extérieur du rempart avec une transformation des locaux en maisons vigneronnes…


La Sauvetat


Rue St-Verny à Monton

 


Tour sud-est à Orcet

 

LES ANCIENS VILLAGES MEDIEVAUX .

A La Sauvetat, à Monton, aux Martres-de-Veyre, à Orcet, le fort s'identifie très facilement sur les documents cadastraux (constructions réparties le long de voies concentriques) et la toponymie fait foi (rue des Remparts, des Forts…). A l'intérieur, les venelles, les loges, les impasses, les placettes, témoignent de la densité des constructions et de la faible place réservée aux espaces publics. Des tours, des portes ou leur emplacement, des fractions de remparts sont encore visibles. La conservation du fort de La Sauvetat est exceptionnelle (remparts, tours, portes, donjon, architecture de l'habitat).

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Donjon et Porte Saint-Jean (vue de l'intérieur)
à La Sauvetat

Maison médiévale à Monton

Eléments d'architecture médiévale

Des témoins de cette époque se retrouvent dans nombre d'anciens villages, au niveau des églises, des anciennes fortifications (tours, portes…) ou de l'habitat (encadrement de baies…) conservé à l'intérieur ou au voisinage immédiat de ces dernières. Leur densité varie considérablement d'un village à l'autre, de même que leur état. Les encadrements de baies ont souvent fait l'objet de réemplois.

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Eglise de Saint-Alyre

Le caractère roman du bâtiment correspondant au chœur de l'ancienne église apparaît clairement à Saint-Alyre (Veyre-Monton)

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porte St-Jean à La Sauvetat
_____ Porte du fort à Orcet

La porte Saint-Jean, surmontée d'une poterne, est très bien conservée à La Sauvetat de même que le donjon. Tel est le cas d'autres portes à Orcet, St-Maurice-ès-Allier. Ailleurs, elles ont été restaurées (Saint-Georges-sur-Allier) ou sont réduites à des portions d'arc (Monton). Plusieurs tours ont été préservées sur les enceintes villageoises (La Sauvetat, Monton, Orcet, Saint-Georges-sur-Allier…).


Château à Saint-Georges


__Tour du Bailly


Porte du fort à Saint-Maurice

 


Gond et piédroit de porte d'accès
au fort villageois à Monton


Porte du fort à Saint-Georges


Les immeubles de l'époque médiévale ont été profondément transformés (extensions, surélévation…) à partir du début du XVIII° siècle, à quelques exceptions près. Les encadrements de baies moulurées ou chanfreinées, les linteaux en accolade, les baies à meneaux témoignent de l'activité des villages du XIV° au XVI° siècles. Ils sont particulièrement nombreux à La Sauvetat où la structure du fort a été conservée et se retrouvent sur la quasi-totalité des immeubles. A Monton, aux Martres-de-Veyre, à Mirefleurs, à Orcet, il existe encore de nombreux témoins de cette époque au sein même du fort ou à proximité immédiate de celui-ci, en relation avec un immeuble particulier, ou dispersés en réemplois. A Saint-Georges-sur-Allier, Saint-Maurice-ès-Allier, La Roche-Noire, La Roche-Blanche, ils sont beaucoup plus rares.

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Monton____________________________________ La Sauvetat

Fenêtres chanfreinées

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Linteau en bâtière________________________Linteau ansé en accolade

Fenêtres à moulure simple à La Sauvetat

 

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Monton_________________________Mirefleurs________________Les Martres-de-Veyre

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Baies à moulures multiples

 

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Orcet________________________La Sauvetat

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____Monton__________________Saint-Georges________________Les Martres-de-Veyre


Fenêtres moulurées avec embases sculptées


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__________Monton __________________Mirefleurs ______________La Sauvetat

Baies à meneau

 

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Les Martre- de-Veyre_______________Mirefleurs_________________ La Sauvetat

____________________Croisées___________________Fenêtre à linteau trilobé

 

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Mirefleurs_____________Les Martres-de-Veyre______________Monton

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La Sauvetat_______________________Monton___________________Mirefleurs

Portes avec moulures multiples et embases sculptées

 

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